Le livre (en anglais) “ Sideways: The City Google couldn’t buy“, sorti au Canada en septembre 2022, raconte la tentative échouée de développer une enclave de type “smart city” à Toronto, en Ontario au Canada entre 2017 et 2020. Cette histoire écrite par Josh O’Kane, journaliste au Globe and Mail, a réuni une entité publique, Waterfront Toronto, et Sidewalk Labs, une société américaine appartenant à Google.
J’ai interrogé Josh O’Kane sur son livre “Sideways” le 22 septembre 2022, dans laquelle l’opposition citoyenne contre la tentative de prise de contrôle d’un quartier en devenir de type ” smart city” à Toronto, bourré de capteurs, réussit, en grande partie, à faire échouer ces efforts.
Le reste est dans le livre!
La Privatisation de la Ville et la Culture Numérique Politique: Deux Enjeux de la Smart City avortée à Toronto
Quels sont les enjeux présents dans ce livre, aussi captivant à lire que précis sur les évènements? Rien moins que le développement de villes dites “intelligentes”, où des capteurs sont censés automatiser des processus comme les feux de circulation, la collecte des déchets, l’accès aux services publics ou autres espaces.
L’histoire de Sideways montre comment sans engagement citoyen, une société privée du numérique comme Sidewalk Labs, associée à Google, pourrait décider sans processus démocratique des règles d’urbanisme dans les villes dites ” connectées” qui sont présentées comme notre avenir. Ces acteurs du numérique pourraient s’approprier les données privées des citoyens de par leur rôle de bâtisseurs de ces villes 2.0. Et ceci largement à cause de l’incompréhension des fonctionnaires et élu(e)s des questions numériques.
Nous en parlons avec Josh O’Kane dans l’entretien. Au coeur de la polémique était la vie privée, certes, mais surtout la privatisation de décisions habituellement réservées à l’autorité publique, au service des citoyens.
Par ailleurs, l’auteur soulève dans notre conversation l’absence de décisionnaire clair au sein de Waterfront Toronto, une entité représentative des trois échelons de gouvernement: municipal, provincial et fédéral. Aucun de ces échelons n’a endossé la responsabilité de définir les règles en matière de gestion des données citoyennes afin que le prestataire, ici Sidewalk Labs, doive s’y conformer.
L’impact sur la vie privée des citoyens est méconnu des individus non experts du numérique, alors qu’en même temps, les sociétés du numérique mettent avec talent en avant les améliorations qu’ils peuvent amener dans nos vie quotidiennes, sans compter les emplois créés par la construction d’un nouveau quartier.
Découvrez les divers acteurs de cette saga: l’avocate Julie Di Mazzio, l’experte en “Privacy by design” Ann Cavoukian, l’ancien CEO de BlackBerry Jim Balsillie, les défenseures des droits numériques citoyens Bianca Wylie et Ana Serrano, l’ancien financier devenu batisseur de ville Dan Doctoroff, et puis Justin Trudeau, le maire de Toronto John Tory, le premier ministre de l’Ontario Doug Ford et bien d’autres.
Cet épisode fait partie du podcast(ou balado) Derrière nos Ecrans, qui décrypte l’impact sur nos vies quotidiennes des technologies numériques. Un podcast Tech soucieux de l’humain!
Les Leçons à tirer: Intégrer au Gouvernement des Expert(e)s Citoyen(ne)s du Numérique et Penser les Villes Virtuelles
Pour prolonger la réflexion sur les thèmes de ce livre, j’ai interrogé Josh O’Kane sur les leçons retenues et l’avenir des projets de type “smart city” à Toronto et au Canada. On en parle en fin d’épisode.
J’ai par ailleurs noté que la ville de Toronto a voulu structurer sa réflexion sur la numérisation de la ville en interne après cet épisode. Pour suivre la petite équipe de onze personnes chargée en septembre 2022 de penser la ville de demain, abonnez-vous aux infolettres du Digital Infrastructure Information Framework de Toronto et rejoignez la communauté de Civic Tech To. Plus d’informations suivront sur la citoyenneté numérique au Canada.
Je vous prépare une deuxième partie d’entretien, qui réfléchit au-delà de la smart city et interroge Josh O’Kane sur la construction en cours de Metavers ou mondes virtuels, via les jeux vidéo immersifs et les tchats comme Discord et Twitch: où sont les gouvernements et citoyens dans ces “villes virtuelles”? Leurs règles sont aujourd’hui fixées par des sociétés privées.